L’agroforesterie : qu’est-ce que c’est ?
Qu’est-ce que l’agroforesterie ?
L’agroforesterie est une technique qui associe les arbres à la production agricole (culture et élevage) au sein une parcelle agricole. Cette technique ancestrale se pratique par la plantation de haies autour de la parcelle, ou de manière intraparcellaire, c’est-à-dire la plantation d’arbres en alignement. L’objectif est à la fois économique et écologique. En effet, l’agroforesterie permet d’améliorer les rendements agricoles de manière significative, elle lutte contre l’érosion des sols, elle permet la production de bois et donc de diversifier les revenus d’une exploitation. Les arbres servent également d’abris pour les animaux, limitent le ruissellement, et contribuent à la préservation des paysages. L’agroforesterie est une technique déjà bien présente en France puisque elle est développée dans les zones de bocages (par exemple dans le grand Ouest) ou bien sous forme intraparcellaire (par exemple dans le Gers).
Complet et ambitieux, le plan de développement est dévoilé
Le ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt a profité de cette journée nationale de l’agroforesterie pour dévoiler son plan de développement. L’objectif est de créer une stratégie commune pour tous les acteurs de l’agroforesterie avec le soutien du ministère en développant 5 axes.
Axe 1 - Mieux connaître la diversité des systèmes agroforestiers et leur fonctionnement : Les systèmes agroforestiers sont très divers et présents sur tout le territoire, mais ils restent peu caractérisés et peu suivis du point de vue quantitatif et qualitatif. Améliorer cette connaissance permettra aux divers acteurs de mieux connaître les pratiques et constitue naturellement un enjeu majeur pour le développement de l’agroforesterie. Ceci passera par l’amélioration de la connaissance et du suivi de l’agroforesterie, le développement des programmes et réseaux de recherche dans ce domaine et l’élaboration de références technico-économiques.
Axe 2 - Améliorer le cadre réglementaire et juridique et renforcer les appuis financiers : L’agroforesterie a été historiquement fortement influencée par la politique agricole française et par la Politique agricole commune. Des avancées notables ont été introduites dans les réformes récentes de la Politique agricole commune, afin de promouvoir la présence des arbres et haies et de prendre en compte leurs bénéfices environnementaux. Un certain nombre de dispositions de la PAC doivent encore être améliorées, de façon à soutenir le développement des systèmes agroforestiers. Au niveau national, de nouvelles dispositions pourraient être expérimentées afin de favoriser les investissements des agriculteurs dans ces systèmes sur le long terme.
Axe 3 - Développer le conseil, la formation et la promotion de l’agroforesterie : Avec la mise en œuvre du projet agro-écologique, l’enseignement agricole a engagé un programme de refonte de ses référentiels ; il est maintenant stratégique d’y acter la place de l’agroforesterie. Les secteurs professionnels et associatifs ont également posé les bases d’un réseau de conseillers spécialisés. Néanmoins, ces efforts nécessitent d’être confortés et développés pour couvrir l’ensemble des systèmes agroforestiers et des territoires, et accompagner un grand nombre d’agriculteurs vers l’installation ou le développement de systèmes agroforestiers. En lien avec les actions de l’axe 1, le renforcement du conseil et de la formation doit également s’accompagner de la capitalisation des connaissances et leur diffusion.
Axe 4 - Améliorer la valorisation économique des productions de l’agroforesterie de manière durable : Depuis les années 1970, la haie ou l’arbre au sein des cultures sont souvent perçus par leurs gestionnaires comme des contraintes non valorisables, ou au mieux comme des investissements sur le long terme. Ceci est à l’origine d’un mauvais entretien du maillage bocager, vieillissant et en diminution. Les haies implantées pour les besoins d’une agriculture qui en a perdu l’usage deviennent à présent patrimoniales, investies de nouvelles fonctions sociales et écologiques. Pourtant, de nombreuses expériences locales montrent que l’agroforesterie peut apporter des revenus complémentaires non négligeables, directement ou indirectement. En complément des éléments de référence et de l’élaboration de référentiels technico-économiques basés sur des expérimentations à la ferme que pourra fournir le monde de la recherche (axe 1), des actions sont à proposer pour améliorer la valorisation économique des produits de l’agroforesterie durablement.
Axe 5 - Promouvoir et diffuser l’agroforesterie à l’international : Le projet agro-écologique comprend le chantier « Promouvoir et diffuser le projet agro-écologique à l’international ». En effet, la France est convaincue que l’agro-écologie constitue une solution d’avenir pour permettre à l’agriculture en France et dans le monde de relever le défi de la sécurité alimentaire d’une manière performante sur le plan économique et environnemental. Ce chantier a pour objectif de faire partager à l’international une vision pragmatique de l’agro-écologie comme une approche innovante et performante de l’agriculture. Le déploiement d’une stratégie de coopération et d’influence à l’international auprès des organisations internationales et des pays partenaires peut permettre de promouvoir le modèle de production et de valoriser l’expertise française dans ce domaine. Il est également nécessaire d’enrichir la vision française de l’agro-écologie à travers l’identification, le partage et le retour d’expériences agro-écologiques menées dans d’autres pays. Il peut aussi permettre de préparer d’éventuelles futures évolutions de la PAC en suscitant des points d’intérêts communs avec nos partenaires sur la recherche de la triple performance. Le plan de développement de l’agroforesterie, partie intégrante du projet agro-écologique, s’inscrit parfaitement dans cette démarche.