Zoom sur...la campagne laitière 2017-2018 - Une campagne plus favorable en prix et en volumes
La campagne laitière 2017-2018 - Une campagne plus favorable en prix et en volumes
Contexte national et international
Après un démarrage en avril 2016 en pleine surproduction, la collecte laitière mondiale avait reculé au second semestre de la campagne 2016-2017, grâce notamment au plan européen de réduction de la production de lait portant sur le dernier trimestre 2016. Depuis mars 2017, la collecte mondiale repart à la hausse sur un an, en particulier en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis et dans l’Union européenne, dans un contexte de prix du lait porteur et d’une demande internationale, notamment chinoise, dynamique. En Europe, la production croît de 2 % au cours de l’année. La collecte mondiale continue de progresser en 2018, malgré quelques signes de ralentissement en Nouvelle-Zélande, dû à la sécheresse, et dans l’Union européenne (France, Allemagne).
Parallèlement, les prix à la production du lait se redressent sous l’effet de l’amélioration générale des marchés et de la flambée du prix du beurre. Sur la campagne 2017-2018, l’écart se creuse entre les cours des matières grasses et des matières protéiques. Le prix du beurre explose, dans un contexte d’offre insuffisante face à une demande mondiale croissante, notamment d’Asie, et par un retour en grâce de ce produit. À l’inverse, le cours de la poudre de lait écrémé chute en raison de l’atonie de la demande et des stocks européens considérables (environ 380 000 tonnes). Pour tenter de stabiliser le marché laitier, l’Union européenne décide, en janvier 2018, de suspendre pour l’année ses achats publics d’intervention. Les stocks sont ensuite légèrement réduits, en février et mars 2018, grâce à la remise sur le marché de 8 500 tonnes de poudre de lait.
Concernant la campagne laitière 2017-2018 en France, la reprise de la production est plus lente qu’au niveau mondial, en raison notamment de la réduction du cheptel laitier et d’un manque de fourrages en début de campagne. L’accroissement sur un an de la collecte française redémarre en août 2017, grâce à des fourrages de meilleure qualité, et se prolonge jusqu’en mars 2018. L’augmentation française atteint + 1,9 % au cours de la campagne et concerne l’ensemble des bassins laitiers, excepté les bassins moins représentatifs du Sud-Ouest, de Charente-Poitou et du Centre. Elle va jusqu’à + 4,9 % dans le Grand Est, où la baisse de collecte avait été la plus forte en 2016-2017. La hausse la plus importante en volumes a lieu cependant dans le bassin Grand Ouest, plus grand bassin laitier français, avec 178 millions de litres collectés de plus qu’en 2016-2017, soit une progression de + 2,1 %. Quant au prix du lait en France, il dépasse celui du même mois de l’année précédente depuis décembre 2016, avec une augmentation moyenne de 12 % au cours de la campagne 2017-2018.
En Bretagne, comme en France, après une baisse des livraisons et des prix lors de la campagne laitière 2016-2017, le bilan laitier 2017-2018 est positif en volumes et surtout en prix.
Les volumes de lait livrés au cours de la campagne atteignent 5 440 millions de litres et gagnent 2,5 % sur ceux de la campagne précédente. Ce niveau dépasse également la moyenne des cinq dernières campagnes (+ 3,8 %). Les quantités livrées par les producteurs bretons progressent sur un an depuis mars 2017, soit cinq mois plus tôt qu’au niveau national. L’évolution est plus forte pour la région que pour l’Hexagone, car depuis la fin des quotas laitiers, la production nationale se concentre encore plus dans le « croissant laitier », notamment le Grand Ouest. Excepté le dernier mois de la campagne, les volumes mensuels bretons s’améliorent en glissement annuel, dans un contexte marqué par de meilleurs fourrages en 2017 qu’en 2016, et par comparaison avec le niveau bas des livraisons au dernier trimestre 2016. Selon les premières estimations de 2017, la production fourragère bretonne globale, herbe et maïs, dépasse en effet de 22 % celle particulièrement réduite de 2016.
Parallèlement, au cours de la campagne 2017-2018, le prix du lait excède de 12,3 % celui de 2016-2017, qui correspondait au prix le plus faible depuis la campagne 2009-2010. À 340 €/1 000l, le prix du lait payé aux producteurs bretons (prix à teneurs réelles, toutes qualités confondues) est aussi supérieur de 2 % à la moyenne des cinq dernières campagnes. Tout au long de la campagne, le prix mensuel dépasse celui d’un an plus tôt. Au premier mois de la nouvelle campagne 2018-2019, qui correspond au pic printanier de collecte, le prix du lait est, comme d’habitude, tiré vers le bas. Il passe même en dessous du prix d’avril 2017. Le Cniel (Centre national interprofessionnel de l’économie laitière) estime très vraisemblable une hausse du prix du lait à la ferme sur le second semestre 2018, favorisée par le ralentissement de la hausse de la production en Europe et en Nouvelle-Zélande, le dynamisme de la demande internationale et la réduction récente du stock de poudre de lait à l’intervention.
En Bretagne, la part du lait bio collecté au cours de la campagne 2017-2018 représente 2,7 % des livraisons, contre 2,3 % lors de la campagne précédente, pour 4,8 % des producteurs, contre 4 %. Après avoir augmenté de 5 % au cours de la campagne 2016-2017, la collecte de lait bio fait un bond de 22 % au cours de cette campagne, contre une hausse de seulement + 2 % pour le lait non bio. A l’inverse, le prix moyen du lait bio augmente moins fortement que celui du lait conventionnel, avec des évolutions respectives de + 1,9 % et + 12,4 %. Cependant le prix du lait bio excède d’environ 40 % le prix du lait conventionnel : le prix moyen payé aux producteurs atteint 468 €/1 000 litres pour la campagne 2017-2018.
Dans un contexte de conjoncture laitière plus favorable qu’en 2016, les effectifs de vaches laitières en fin d’année 2017 sont plutôt stables en Bretagne. Alors que le troupeau de vaches laitières diminue de 1,1 % en France, il gagne 0,12 % dans la région. L’augmentation des livraisons bretonnes de lait s’explique, pour cette campagne, en plus des progrès de la génétique, par l’amélioration des fourrages, en quantité comme en qualité, plutôt que par l’accroissement du cheptel. Avec une progression de la production de lait plus importante que celle des effectifs de vaches laitières, le rendement laitier s’améliore de 0,6 % en 2017.
En plus du prix du lait plus favorable qu’en 2016-2017, les éleveurs laitiers continuent de profiter d’un coût d’aliment bas. Au cours de la campagne laitière 2017-2018, selon l’Ipampa, le coût des aliments pour gros bovins recule en effet de 0,7 % par rapport à la campagne 2016-2017 et de 10,5 % par rapport à la moyenne des cinq dernières campagnes.
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