Bilan de la campagne laitière 2019-2020
Bilan de la campagne laitière 2019-2020 : Hausse des prix et des volumes, baisse du cheptel
Contexte national et international
En 2019, la collecte mondiale de lait de vache se maintient globalement au niveau de 2018. Elle se replie en Australie et en Argentine, en raison d’une sécheresse exceptionnelle et de températures excessives, et plus modérément en Nouvelle-Zélande, tandis qu’elle augmente légèrement aux États-Unis et dans l’Union européenne (UE). Sur les deux premiers mois de 2020, la dynamique positive dans l’UE, aux États-Unis et en Argentine compense largement le repli de la collecte néo-zélandaise. Après la baisse de 2,2 % en 2018, le prix moyen du lait européen diminue légèrement en 2019 (– 0,3 %) : en hausse au premier semestre, soutenu par une collecte européenne limitée, il recule au second semestre, en lien notamment avec la reprise de la collecte des principaux producteurs. Le prix bénéficie de la hausse des cours de la poudre de lait écrémé qui permet de compenser en partie la réduction de ceux du beurre, qui restent malgré tout élevés. L’écart de valorisation entre matières grasses et matières protéiques, évènement marquant des deux dernières années, se résorbe en 2019. L’écoulement progressif de la totalité des stocks publics de poudre jusqu’en janvier 2019 contribue à assainir le marché.
En France, la collecte de lait est stable en 2019, par rapport au niveau bas de 2018. Sur la campagne 2019-2020, elle augmente légèrement (+ 0,9 %). Après les épisodes de sécheresse et de canicule de mai à juillet, qui affectent la production, celle-ci se redresse légèrement en août et septembre, stimulée par des prix du lait favorables, puis à l’automne, du fait d’une météo propice à la pousse de l’herbe et aux fourrages de qualité. Au premier trimestre 2020, la croissance de la production laitière française se poursuit. L’augmentation au cours de la campagne concerne l’ensemble des bassins laitiers, excepté Charente-Poitou, Centre et Sud-Ouest, moins représentatifs. L’évolution est la plus forte dans les trois plus grands bassins : Grand Est (+ 1,8 %), Normandie (+ 1,6 %) et Grand Ouest (+ 1,3 %). Avec 110 millions de litres collectés de plus que lors de la campagne précédente, le Grand Ouest concentre la moitié des volumes supplémentaires collectés en France.
Dans un contexte de marché des produits laitiers industriels plus équilibré, et de demande mondiale dynamique (Chine), le prix du lait se redresse depuis le dernier trimestre 2018. La loi alimentation du 30 octobre 2018, qui préconise d’indexer le prix du lait sur les coûts de production des éleveurs plutôt que sur la valorisation du lait, explique également en partie cette hausse, et notamment l’absence de baisse saisonnière au printemps, même si son impact est moins prononcé que celui attendu. Le prix moyen du lait augmente ainsi de 4,5 % entre 2018 et 2019 et de 4,6 % au cours de la campagne 2019-2020.
En Bretagne, tout comme en France, après une légère hausse des prix et une faible baisse des volumes lors de la campagne précédente, le bilan laitier 2019-2020 est favorable, en volumes, comme en prix.
Les volumes de lait livrés par les producteurs bretons au cours de la campagne atteignent 5 444 millions de litres, en progression de 0,6 % par rapport à la campagne 2018-2019 et de 1,6 % par rapport à la moyenne des cinq dernières campagnes. L’évolution peut s’expliquer en partie par la légère amélioration de la production fourragère entre 2018 et 2019, liée à la bonne pousse de l’herbe au printemps 2019, malgré la sécheresse estivale qui a suivi. Selon les premières estimations, la production fourragère bretonne de 2019, herbe et maïs, gagne 3 % sur celle, particulièrement faible, de 2018. L’évolution de la production laitière au cours de la campagne est un peu plus faible pour la région que pour le bassin Grand Ouest ou pour l’Hexagone (+ 0,9 %). Depuis la fin des quotas laitiers le 31 mars 2015, la part de la Bretagne dans la production nationale laitière a augmenté de 4,1 %, pour atteindre 23 %. Celle du Grand Ouest s’est accrue de 3,5 % pour dépasser 36 %.
Entre les campagnes laitières 2018-2019 et 2019-2020, le prix moyen du lait payé aux producteurs bretons (prix à teneurs réelles, toutes qualités confondues) s’accroît de 4,4 %, pour atteindre 358 €/ 1 000 l. L’augmentation dépasse 8 % par rapport à la moyenne des cinq dernières campagnes. L’écart par rapport à la campagne 2018-2019 est particulièrement élevé au premier semestre (+7 3 %), notamment au premier trimestre (+ 10 %), la baisse saisonnière habituelle au printemps, au moment du pic de la collecte, n’ayant pas eu lieu.
La part du lait bio collecté en Bretagne au cours de la campagne 2019-2020 représente 4,0 % des livraisons, contre 3,4 % lors de la campagne précédente, pour 7,0 % des producteurs, contre 6,0 % précédemment. Alors que la collecte du lait conventionnel est stable lors de cette campagne, celle du lait bio augmente fortement (+ 17 %), quoiqu’un peu moins que lors des deux campagnes précédentes (+ 22 % et + 24 %). À l’inverse, le prix moyen du lait bio progresse moins que le lait non bio, avec + 1,8 % au cours de la campagne 2019-2020, contre + 4,3 %. Cependant, à 476 €/1 000 litres pour cette campagne, le prix moyen du lait bio payé aux producteurs excède de 35 % le prix du lait conventionnel.
En dépit d’une conjoncture laitière plus favorable, les effectifs de vaches laitières reculent pour la deuxième année de suite en Bretagne, avec – 1,7 % entre fin 2018 et fin 2019.
Au niveau national, le troupeau de vaches laitières diminue de la même façon (– 1,9 %). La tendance à la décapitalisation a été renforcée en 2018 et 2019 par des épisodes de sécheresse et de canicule, qui ont contraint certains éleveurs à vendre des femelles faute de pouvoir les nourrir. Malgré la réduction du cheptel breton, les livraisons de lait par les producteurs bretons progressent légèrement en 2019, traduisant une faible hausse du rendement laitier. Après deux étés secs et chauds, face à un manque de fourrage, de nombreux éleveurs ont en effet réduit leur cheptel et privilégié les animaux les plus productifs. L’amélioration de la productivité des vaches laitières peut aussi être la conséquence, en partie, d’un recours accru aux aliments concentrés, dans un contexte de baisse progressive du coût de l’aliment.
Au cours de la campagne laitière 2019-2020, l’indice des coûts de production de l’Idele, Ipampa lait de vache, se stabilise sur celui de la campagne 2018-2019 (+ 0,5 %). Pour les aliments achetés, qui représentent un tiers des coûts de production, l’indice se réduit de 1 % sur la période. En conséquence des évolutions du prix du lait et des coûts de production, l’indicateur Milc de l’Idele montre une amélioration de la marge des producteurs laitiers, repassée au-dessus de la moyenne des dix dernières années à partir de juillet.