En 2023, l’agriculture bretonne dégage plus de richesse qu’en 2022 : la valeur de la production globale augmente alors que les consommations intermédiaires diminuent. La valeur ajoutée ainsi dégagée en viandes, lait, céréales et autres produits agricoles atteint 3,9 milliards d’euros. Les productions végétales se replient suite à la chute des prix des céréales. A contrario, les productions animales croissent fortement. Elles compensent largement la baisse des produits végétaux, en raison de leur poids important dans l’agriculture bretonne. Le prix du porc augmente fortement et permet d’améliorer sensiblement le résultat des filières d’élevage. Parallèlement, la facture relative aux consommations intermédiaires se réduit légèrement, grâce à la baisse des prix de l’énergie et des aliments pour animaux. Par ailleurs, les subventions aux agriculteurs progressent.
Pour estimer la richesse produite par l’agriculture bretonne, on comptabilise la valeur annuelle en euros de l’ensemble des productions agricoles (productions animales et végétales, services) de laquelle on soustrait les consommations intermédiaires (tous les biens et services achetés au cours du processus de production). Le résultat est la valeur ajoutée brute. Augmentée des subventions d’exploitation et diminuée des impôts, on parle alors de valeur ajoutée brute au coût des facteurs qui permet d’évaluer la richesse créée par les exploitations.
Cette richesse sert ensuite à distribuer des salaires, rémunérer les exploitants ou encore à réaliser des investissements pour l’exploitation.
Chiffres-clés Bretagne 2023
L’agriculture bretonne dégage une plus grande valeur ajoutée en 2023
En 2023, la valeur ajoutée brute de la branche agricole bretonne s’accroît de 5,6 % (définitions, figure 1). En 2022, elle avait progressé de 35 %. La Bretagne fait partie des quatre régions dont la valeur ajoutée brute augmente en 2023, avec les régions de Corse, Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine. Cette hausse s’explique principalement par celle de la valeur de la production, grâce aux bons résultats de la production animale, qui domine dans la région (figure 2). La baisse de la valeur des consommations intermédiaires contribue également, mais plus faiblement, à l’amélioration de la valeur ajoutée.
Figure 1 - La production agricole augmente de 180 millions d’eurosÉvolution des principaux postes des comptes de la branche agricole en Bretagne entre 2022 et 2023
Montant 2023
Montant 2022
Indice de valeur 2023
Indice de volume 2023
Indice de prix 2023
Production évaluée hors subventions sur les produits (A)
Céréales
633
1 061
59,6
102,0
58,4
Plantes fourragères
691
624
110,7
126,1
87,8
Légumes frais
556
564
98,7
97,3
101,4
Pommes de terre
134
119
112,5
108,7
103,5
Autres produits végétaux
245
253
97,0
100,7
96,3
Produits végétaux
2 259
2 621
86,2
106,9
80,6
Gros bovins
649
666
97,4
95,4
102,2
Veaux
225
227
99,1
94,6
104,8
Porcins
2 359
1 998
118,1
96,6
122,3
Volailles
986
944
104,5
99,7
104,9
Oeufs
1 003
926
108,3
99,5
108,9
Lait de vache
2 429
2 381
102,0
97,9
104,2
Autres produits animaux
106
102
103,6
98,8
110,6
Produits animaux
7 758
7 244
107,1
97,6
109,7
Production de services
1 033
1 010
102,3
99,3
103,0
Production des jardins familiaux
141
133
106,5
101,5
104,9
Total production
11 191
11 007
101,7
100,0
101,6
Subventions sur les produits (B)
Céréales Oléagineux Protéagineux
3
2
143,1
///
///
Bovins laitiers et allaitants
49
37
130,3
///
///
Ovins - Caprins
2
2
98,2
///
///
Total subventions sur les produits
53
41
129,6
///
///
Consommations intermédiaires (C)
Aliments achetés en dehors de la branche
3 013
3 046
98,9
98,5
100,4
Aliments intraconsommés et fourrages
939
900
104,3
120,3
86,7
Engrais et amendements
242
240
101,1
83,9
120,4
Produits phytosanitaires
162
148
109,6
100,1
109,5
Énergie et lubrifiants
577
612
94,3
99,3
94,9
Autres
2 370
2 373
99,9
///
///
Total Consommations intermédiaires
7 304
7 318
99,8
101,2
98,7
Valeur ajoutée brute (D=A+B-C)
3 940
3 730
105,6
97,8
108,0
+ Subventions d’exploitation
617
561
110,1
///
///
- Impôts fonciers
88
84
104,3
///
///
- Autres impôts sur la production
15
14
106,9
///
///
’=VALEUR AJOUTÉE BRUTE AU COÛT DES FACTEURS
4 454
4 192
106,3
///
///
Évolution des principaux postes des comptes de la branche agricole en Bretagne entre 2022 et 2023 Source : Agreste, comptes régionaux de l’agriculture 2022 semi-définitifs, 2023 provisoires
Figure 2 - Une production animale dominante, qui augmente en 2023
Évolution des principaux agrégats des comptes de la branche agricole en Bretagne entre 2020 et 2023
| Source : Agreste, comptes régionaux de l’agriculture 2020-2021 définitifs, 2022 semi-définitifs, 2023 provisoires
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En incluant les subventions d’exploitation et en retirant les impôts, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs (VABCF) obtenue atteint 4,4 milliards d’euros en Bretagne. Elle augmente de 6,3 % par rapport à 2022. Les subventions d’exploitation progressent plus que les impôts (respectivement + 10,1 % et + 4,7 %). Rapportée au nombre d’actifs (en équivalent temps plein), en légère baisse, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs gagne 6,8 % sur celle de 2022. Hors inflation (+ 5,3 % entre 2022 et 2023), cette valeur progresse de 1,5 % en Bretagne, alors qu’elle diminue dans l’ensemble des autres régions. La valeur ajoutée brute au coût des facteurs de la région est supérieure de 262 millions d’euros à celle de 2022 (figure 3).
Figure 3 - Évolution très favorable de la production de porcs, très défavorable de celle de céréalesPrincipaux éléments participant à la variation de la valeur ajoutée brute au coût des facteurs (VABCF) en 2023 en Bretagne
Montants (en millions d’euros courants)
Part (en %)
Variation de la VABCF entre 2022 et 2023
+ 262
-
Facteurs d’amélioration
+
795
100,0
dont : production de porcs
+
361
45,4
production d’œufs
+
76
9,6
productions de plantes fourragères
+
67
8,4
subventions d’exploitation
+
57
7,1
production de lait
+
48
6,1
production de volailles
+
43
5,4
consommation d’énergie et lubrifiants
+
35
4,4
aliments composés achetés
+
33
4,2
Facteurs de dégradation
-
533
100,0
dont : production de céréales
-
429
80,3
aliments intraconsommés et fourrages
-
39
7,3
production de gros bovins
-
17
3,2
Principaux éléments participant à la variation de la valeur ajoutée brute au coût des facteurs (VABCF) en 2023 en Bretagne Source : Agreste, comptes régionaux de l’agriculture 2022 semi-définitifs, 2023 provisoires
De nombreux postes participent à cette amélioration, en premier lieu la production de porcs en valeur, mais aussi, dans une moindre mesure, celles des œufs, du lait et des volailles. L’augmentation des subventions d’exploitation, ainsi que la baisse de la facture énergétique et du coût des aliments achetés pour les animaux contribuent aussi à cette progression. En revanche, les valeurs de quelques autres postes diminuent en 2023, avec un impact négatif sur la valeur ajoutée brute au coût des facteurs. C’est le cas principalement de la production de céréales, et plus faiblement de celle des gros bovins. En 2023, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs s’accroît en Bretagne, tandis qu’elle diminue en France (– 4,9 %). Cependant, elle ne représente que 38 % des ressources (production et subventions) contre 44 % au niveau national, soit un écart ressources-emplois inférieur en proportion comme les années précédentes (figure 4). Le coût de l’alimentation animale très élevé en Bretagne, lié à la prépondérance des productions animales, explique l’écart défavorable à la région.
Figure 4 - Poids plus important des animaux en Bretagne qu’en France
Part des agrégats participant au calcul de la valeur ajoutée brute au coût des facteurs en 2023
Source : Agreste, comptes régionaux de l’agriculture 2023 provisoires
Hausse générale des prix des produits animaux
En 2023, la production agricole bretonne s’accroît de 1,7 % en valeur par rapport au niveau élevé de 2022. Elle atteint 11,2 milliards d’euros, soit 12 % de la production agricole métropolitaine. L’évolution est de + 16,2 % en comparaison à la moyenne 2020-2022. Cette progression importante reflète en partie la forte hausse de 2022 (+ 20 %), généralisée à l’ensemble des régions, dans un contexte de hausse générale des prix des produits végétaux et animaux. La Bretagne fait partie des cinq régions dont la production augmente en 2023. Entre 2022 et 2023, la production globale en valeur progresse en Bretagne du fait d’un gain concernant la production animale plus important que la perte en production végétale.
La production animale bretonne atteint 7,8 milliards d’euros en 2023. Elle dépasse de 7,1 % celle de 2022, qui était déjà particulièrement élevée, après des années 2020 et 2021 plus conformes aux moyennes des années précédentes. La production annuelle progresse en valeur, du fait de la hausse générale des prix en 2023, et en dépit de volumes produits inférieurs dans les différentes filières d’élevage.
La production de porcins grimpe de 18,1 % en valeur en un an, suite à la hausse importante des prix (+ 22,3 %). En 2023, le prix du porc en France augmente fortement en raison de la nette baisse de l’offre nationale et européenne et malgré une demande mondiale qui se rétracte, notamment en provenance de Chine. De plus, le niveau toujours élevé du coût des intrants fait croître les prix à la production des animaux, malgré une baisse du prix des céréales. La production porcine bretonne se réduit de 3,4 % en volume par rapport à 2022, dans un contexte de baisse du cheptel.
En 2023, la production porcine représente 21 % de la production agricole bretonne en valeur en Bretagne, première région productrice.
En France, elle ne pèse que 4 % de la production agricole (figure 5). L’évolution régionale très favorable en 2023 contribue ainsi fortement à l’amélioration de la valeur ajoutée brute au coût des facteurs.
Figure 5 - Lait et porcs, des produits dominants en BretagnePart des différents postes dans la valeur de la production en 2023
Libellés
Bretagne
France métropolitaine
Lait de vache
21,7
12,1
Porcins
21,1
4,5
Services
9,2
7,1
Oeufs
9,0
2,9
Volailles
8,8
3,6
Bovins
7,8
9,6
Fourrages, fleurs et plantes
6,4
8,1
Légumes et pommes de terre
6,2
7,0
Céréales
5,7
13,1
Autres prod. végétaux (hors vin)
1,9
10,8
Production des jardins familiaux
1,3
1,7
Autres produits animaux
0,9
3,1
Vin
0,0
16,3
Total produits
100,0
100,0
Total produits en millions d’euros (hors subventions)
11 191
95 363
Part des différents postes dans la valeur de la production en 2023 Source : Agreste, comptes régionaux de l’agriculture 2022 semi-définitifs, 2023 provisoires
La production laitière progresse de 2 % en valeur, après un accroissement de 19,5 % en 2022. Les prix atteignent des niveaux inédits et augmentent de 4,2 % en un an, sous l’effet notamment de la baisse des volumes produits. Les quantités de lait livrées par les producteurs bretons diminuent en effet (– 2,1 %), pour la quatrième année consécutive, dans un contexte de réduction du cheptel. La production de lait atteint 2,4 milliards d’euros. C’est le poste le plus important dans la production agricole bretonne, avec la production porcine (même montant).
En aviculture, la production d’œufs de consommation s’accroît de 8,3 % en valeur, après avoir bondi de 66 % en 2022. Les volumes produits se réduisent faiblement, mais les prix continuent de progresser. Ceux-ci sont portés par une demande dynamique et une offre réduite en Europe, du fait des abattages sanitaires consécutifs aux épisodes d’influenza aviaire. En Bretagne, première région productrice d’œufs de consommation, la production d’œufs représente 9 % de la production agricole globale en valeur, contre 3 % en France. De par sa progression et son importance dans l’agriculture bretonne, la production d’œufs contribue à améliorer la valeur ajoutée brute au coût des facteurs de la région.
La production de volailles en Bretagne gagne 4,5 % en valeur sur celle de 2022. En effet, la hausse des prix se poursuit, en raison notamment de coûts de production toujours élevés, à un rythme cependant moins soutenu qu’en 2022. Les volumes produits baissent légèrement en revanche, du fait de moindres abattages de dindes et de poulets. La consommation de dindes diminue en effet. La consommation de poulets s’améliore, mais il s’agit plus de viande importée, dont la part progresse : la moitié de la viande consommée en France en 2023 est importée.
Contrairement aux autres produits animaux, la production de gros bovins en valeur se réduit en 2023 (– 2,6 %). Le recul des volumes produits (– 4,6 %) est plus important que la hausse des prix (+ 2,2 %) engendrée par l’offre limitée. Dans le bassin Grand Ouest, l’évolution annuelle des prix est de + 1 % pour les vaches laitières de conformation P et de + 4,6 % pour les jeunes bovins à viande conformés U. À l’image du cheptel laitier, l’érosion du cheptel allaitant se poursuit en France, comme au niveau européen.
Concernant les veaux, la valeur de la production faiblit de 0,9 % en un an. Les volumes abattus se réduisent. Les cours poursuivent leur revalorisation entamée en 2021 mais moins fortement, alors que l’offre de viande de veau est faible et que l’inflation décourage la consommation. En moyenne annuelle, le cours du veau rosé clair conformé O du bassin Nord dépasse de 4,6 % celui de 2022.
La chute des prix des céréales fait reculer la valeur globale des produits végétaux
La production végétale bretonne s’établit à 2,3 milliards d’euros en 2023. Elle se replie de 13,8 % sur un an, alors qu’elle avait augmenté de 14 % en 2022. Par rapport à la moyenne 2020-2022, la production baisse moins (– 3,0 %), l’année 2022 étant exceptionnelle du fait de la forte inflation. L’érosion des prix en 2023 explique le recul de la production en valeur, alors que les volumes produits augmentent grâce aux meilleures conditions climatiques.
La diminution annuelle de la production végétale concerne avant tout les céréales. Leurs prix chutent en effet (– 41,6 %), après deux années de hausse. Cette baisse annuelle s’explique par la bonne récolte française et par l’abondance des récoltes mondiales, avec notamment la forte présence des grains russes sur le marché mondial à des prix très compétitifs. En Bretagne, le volume de céréales récoltées gagne 2,0 % sur celui de 2022, principalement grâce à la hausse des rendements en maïs. Il ne suffit toutefois pas à compenser la chute des prix. Le poste des céréales est celui qui tire le plus vers le bas la valeur ajoutée brute au coût des facteurs en 2023. Ce poste explique 80 % de la dégradation.
La production de légumes en valeur diminue légèrement sous l’effet de la baisse des volumes, tandis que les prix progressent faiblement. Au cours de l’année ou de la campagne 2023-2024, la valeur décroît ainsi fortement pour les tomates, et plus faiblement pour les choux-fleurs. En revanche, elle progresse pour les artichauts, carottes, échalotes et endives. La production de pommes de terre en valeur s’améliore nettement grâce à la hausse des prix qui se poursuit et à la hausse des volumes produits, nouvelle celle-ci.
La facture énergétique et les achats d’aliments pèsent moins sur les intrants
La facture bretonne relative aux consommations intermédiaires atteint 7,3 milliards d’euros en 2023 et se réduit de 0,2 % en un an. Cette légère baisse fait suite à deux fortes hausses en 2021 (+ 9,8 %) et 2022 (+ 13,8 %), portant le coût des intrants à un niveau très élevé. Le faible recul de 2023 est dû avant tout à la diminution de la facture énergétique et à celle des aliments achetés. La facture énergétique se réduit ainsi de 5,7 %, après avoir nettement augmenté en 2021 et 2022. Cette diminution résulte de la baisse du prix du gazole non routier utilisé pour les tracteurs, tandis que les prix des autres produits énergétiques s’élèvent à nouveau. Les achats d’aliments pour animaux faiblissent également en valeur (– 1,1 %), du fait d’achats moindres en quantité, tandis que leurs prix progressent modérément. Ce recul, même faible, permet d’améliorer la valeur ajoutée brute au coût des facteurs, compte tenu du poids important de ce poste dans les consommations intermédiaires (41 %). En revanche, les postes des produits phytosanitaires, des dépenses vétérinaires et des engrais et amendements alourdissent la facture, du fait d’une augmentation des prix. Le coût des engrais et amendements progresse fortement, mais il est presque compensé par la baisse des quantités achetées.
Augmentation des subventions
Les subventions aux exploitations agricoles bretonnes (670 millions d’euros) augmentent de 11,4 % en 2023. Les subventions d’exploitation non liées aux produits dues au titre de l’exercice 2023 (617 millions d’euros) s’accroissent de 10,1 % en un an. Il s’agit principalement des aides directes européennes de la politique agricole commune, qui comprennent pour 53 % le paiement de base, pour 29 % l’éco-régime (ex paiement vert), conditionné au respect de pratiques favorables au climat et à l’environnement, pour 15 % le paiement redistributif (aide aux 52 premiers hectares) et pour 3 % le paiement jeunes agriculteurs. Ces subventions comprennent également les aides agri-environnementales et les aides pour calamités agricoles. L’indemnité compensatrice de handicap naturel (ICHN) est négligeable en Bretagne. Les autres subventions sont liées aux produits et représentent 7,9 % des aides. Leur montant est supérieur de 30 % à celui de 2022 et atteint 53 millions d’euros. Il s’agit principalement d’aides aux bovins laitiers et allaitants.
En France, la production agricole faiblit et les consommations intermédiaires progressent
En 2023, la valeur ajoutée brute de la branche agricole se replie de 5,3 % en France métropolitaine, sous l’effet conjoint de la baisse de la valeur de la production et de la hausse des consommations intermédiaires. La valeur ajoutée brute au coût des facteurs recule de 4,9 % : les subventions d’exploitation prises en compte progressent de 0,6 % et les impôts déduits s’accroissent de 10,7 %. Rapportée au nombre d’actifs, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs chute de 9,6 % au niveau national, après correction de l’inflation (+ 5,3 %).
La production de la branche agricole française s’élève à 95,4 milliards d’euros en 2023. Elle recule légèrement (– 1,5 %), après deux années de forte croissance (+ 8,3 % en 2021 et + 20,0 % en 2022). Elle diminue du fait d’un recul de la production végétale plus important que le gain concernant la production animale. La baisse s’observe dans huit régions, alors que la production augmente en Corse, Bretagne, Nouvelle-Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes et Pays-de-la-Loire. En 2023, la Bretagne génère 12 % de la production agricole de la métropole (figure 6).
Après avoir augmenté de 21 % en 2022, la production végétale recule de 5,9 % en valeur dans l’Hexagone : les prix se replient face à une production plus élevée en volume. Les rendements des céréales, oléagineux, protéagineux, fourrages et pommes de terre s’améliorent grâce à des conditions climatiques plus favorables qu’en 2022. Les récoltes satisfaisantes font reculer les prix. C’est particulièrement le cas des céréales et des oléagineux, dont les quantités importantes mises sur le marché mondial pèsent sur les cours. Les pommes de terre font exception, leur prix augmente. Par ailleurs, la production de vins s’accroît légèrement en valeur grâce à une hausse des quantités vendues, de même que celle des légumes, grâce à des prix plus élevés. La valeur globale des produits végétaux diminue dans l’ensemble des régions, sauf en Corse et en Nouvelle-Aquitaine.
Figure 6 - Les départements bretons génèrent 12 % de la production agricole française
Production agricole en millions d’euros par département en 2023
Source : Agreste, comptes régionaux de l’agriculture 2023 (provisoires)
À l’inverse de la production végétale, la production animale progresse en France (+ 4,9 % en valeur), tirée par les prix, alors que les volumes produits se réduisent comme en Bretagne. La production avait déjà augmenté de 20 % en 2022. Comme les années précédentes, la production de bétail recule, notamment en bovins et en porcins, conséquence de l’érosion continue du cheptel en France comme en Europe. Les prix des produits animaux continuent d’augmenter, dans ce contexte d’offre limitée et des coûts de production toujours en hausse. Leur progression est moins forte cependant, en raison d’une diminution de la demande. Les prix des porcins atteignent des niveaux inédits au premier semestre, puis augmentent moins fortement au second semestre. Contrairement aux autres produits animaux, les volumes produits en volaille se redressent légèrement même si l’épizootie d’influenza aviaire se prolonge en début d’année 2023, freinant la reprise. Les prix augmentent, tirés par la forte demande intérieure et le coût de l’alimentation des volailles qui continue de progresser au premier semestre. La production d’œufs de consommation s’accroît également en valeur, sous l’effet de la hausse des prix, avec des volumes produits légèrement inférieurs à ceux de 2022. Les cours des œufs sont très élevés en début d’année, puis la reprise progressive des élevages de poules pondeuses entraîne une détente des prix au second semestre. La demande des consommateurs reste importante pour ce produit, qui est la moins chère des protéines animales. La valeur globale des produits animaux augmente dans toutes les régions.
La facture relative aux consommations intermédiaires dépasse de 1,3 % celle de 2022, au niveau national alors qu’elle baisse en Bretagne. La hausse globale s’explique principalement par celle des prix des engrais et des produits phytosanitaires. Premier poste de dépense, les achats d’aliments pour animaux sont en revanche stables.
Les subventions aux exploitations agricoles sont inférieures de 0,9 % à celles de 2022. Les subventions d’exploitation dues au titre de l’exercice 2023 faiblissent de 0,6 %, en raison notamment de l’arrêt des aides exceptionnelles liées au conflit russo-ukrainien. Les aides couplées aux produits (9,8 % du total) se réduisent de 3,7 %, en raison principalement d’une baisse des subventions liées aux produits animaux.
Sources, méthodes, définitions
Les comptes régionaux de l’agriculture sont établis par les services déconcentrés de la statistique agricole du ministère en charge de l’agriculture, sous la coordination du service de la statistique et de la prospective (SSP). Le SSP et l’Insee assurent la cohérence des comptes infranationaux et du compte national. Les comptes de l’agriculture présentés à la commission des comptes de l’agriculture de la nation (CCAN) sont établis en conformité avec le système européen des comptes 2020. Les données 2023 sont provisoires et susceptibles d’être modifiées. Les valeurs 2022 sont semi-définitives et celles antérieures à 2022 sont définitives.
Les comptes 2021 définitifs, 2022 semi-définitifs et 2023 provisoires sont établis en nouvelle base 2020, intégrant les résultats du recensement agricole 2020. La comparaison avec les valeurs des comptes antérieures à 2020, encore en base 2010, n’est pas possible. Elle pourra l’être lorsque les comptes 2010-2020 auront été rétropolés pour être établis en base 2020.
La branche agricole est le regroupement de toutes les unités d’activité économique qui exercent les activités suivantes : culture de végétaux (y compris maraîchage et horticulture), élevage d’animaux, activités de travaux agricoles à façon, chasse et activités annexes.
La valeur ajoutée brute (VAB) correspond à la valeur de la production, y compris subventions sur les produits, de laquelle sont soustraites les consommations intermédiaires.
La valeur ajoutée brute au coût des facteurs est égale à la valeur ajoutée brute, augmentée des subventions d’exploitation et diminuée des impôts sur la production.
Les évolutions en termes réels, ou hors inflation, sont des évolutions à prix courants, corrigées de l’inflation, mesurée ici par l’indice de prix du PIB (+ 5,3 % entre 2022 et 2023).