Les moissons d’été 2020 - Chute des surfaces et des rendements

Contexte national
En 2020-2021, la production mondiale de céréales devrait croître de 1,8 % sur un an, impulsée par une récolte record de maïs, mais aussi par de grosses moissons de blé, sorgho, avoine et seigle. La consommation de céréales devrait atteindre un nouveau pic, tandis que les stocks de report à la fin de la campagne n’afficheraient qu’une modeste hausse, en raison d’une contraction pour le maïs. Les marchés des céréales et des oléagineux sont soutenus par des perspectives de productions incertaines et de contraction de l’offre. En France, la production 2020 de céréales régresserait de 19 % par rapport à celle de 2019, particulièrement élevée. Pour les seules céréales à paille, la diminution atteindrait – 25 % sur un an et – 16 % par rapport à la moyenne 2015-2019. La production recule également en colza, avec – 7 % sur 2019 et même – 32 % sur la moyenne quinquennale. Les productions des céréales d’hiver ont été très affectées au moment des semis par les conditions humides ainsi que par la sécheresse lors du cycle végétatif, engendrant une baisse à la fois des surfaces et des rendements. En revanche, la production des cultures d’été (maïs, tournesol) augmente grâce à une progression de la sole et malgré des rendements en repli. Les rendements de colza sont au plus bas depuis 2007. En lien avec les niveaux élevés, puis faibles, de la production, les prix moyens du blé et de l’orge diminuent au cours de la campagne 2019-2020, et remontent en début de campagne 2020-2021. En revanche, le cours moyen du colza s’accroît durant la campagne 2019-2020, du fait d’une production en repli, puis se stabilise entre l’été 2019 et l’été 2020.

En Bretagne, comme en France, les conditions météorologiques défavorables de l’automne 2019, jusqu’à l’été 2020, impactent les surfaces et les rendements des grandes cultures.
Durant l’automne 2019, les précipitations sont largement excédentaires, et les températures bretonnes dépassent les normales saisonnières. Les fortes pluies entraînent des difficultés de mise en place des cultures d’hiver et perturbent la levée et le tallage. Les semis de blé tendre et d’orge d’hiver sont ainsi réalisés dans des conditions difficiles, avec beaucoup de retard. Les conditions climatiques sèches de la fin de l’été retardent ceux de colza par endroits.

Dans la continuité du trimestre précédent, la pluviométrie durant l’hiver 2020 reste très élevée, et les températures dépassent les normales. En janvier, le déficit des emblavements de céréales d’hiver est estimé à 20 % par rapport à janvier 2019. Les pluies régulières ne permettent pas un ressuyage efficace des sols et les plants dans les mouillères sont perdus. Les interventions de désherbage et de fertilisation sont retardées dans les parcelles saturées d’eau. La douceur de l’hiver favorise, par ailleurs, les attaques d’insectes, notamment les pucerons qui transmettent la maladie de la jaunisse aux céréales. Les semis de printemps sont également difficiles à réaliser. Fin mars, des températures maximales élevées entraînent, toutefois, une accélération du développement des cultures. Après une très longue période d’excès d’eau dans les parcelles, les sols se ressuient et permettent d’intervenir dans les champs. Les semis d’orge de printemps se terminent, avec des superficies en forte progression, en particulier dans les zones qui n’avaient pu accueillir les céréales d’hiver.
Au printemps, les températures continuent d’excéder les normales. Le niveau des pluies reste au-dessus de la norme, malgré un mois de mai très sec. Le blé tendre atteint le stade épiaison avec un peu d’avance, du fait des conditions météorologiques favorables début mai. L’orge d’hiver atteint ce stade dans des temps conformes à la moyenne. Le mois de mai permet de rattraper une partie du déficit, mais le potentiel de rendement reste notablement plus faible que les années précédentes.
Durant l’été, les précipitations sont à nouveau excédentaires, avec un mois d’août particulièrement arrosé, suivi d’un mois de septembre déficitaire en pluies. Les températures dépassent légèrement la norme. La récolte de l’orge d’hiver débute fin juin, avec un peu de retard, et se termine vers le 20 juillet, selon le calendrier habituel. Celle de blé démarre en deuxième semaine de juillet, comme l’an dernier, pour finir en avance la première semaine d’août.
La qualité des blés (poids spécifiques et teneur en protéine) est globalement correcte, mais les résultats sont très hétérogènes. Sur un grand arc sud-est breton, certains producteurs cumulent de mauvais rendements avec des taux de protéines bas, tandis que les résultats sont plus favorables en centre-Bretagne. Ils peuvent même être très bons dans le Finistère.

Selon les résultats provisoires, la superficie globale bretonne en céréales à paille chute finalement de 15 % en 2020, après avoir progressé en 2019 (Cf. tableau, page 1). La surface se replie ainsi de 21 % pour le blé et de 20 % pour le triticale, mais elle augmente de 12 % pour l’orge, grâce au report sur l’orge de printemps.

À l’inverse, la superficie implantée en oléagineux s’accroît de 3,3 %, après une diminution de 4 % en 2019. Ayant bénéficié du report des superficies non emblavées en céréales, celle en protéagineux s’accroît pour la deuxième année de suite, avec 8 800 ha (+ 5 %).
Après avoir progressé l’an dernier, les rendements fléchissent pour les céréales à paille, les oléagineux et les protéagineux (Cf. tableau, page 1). Le rendement moyen des céréales à paille perd 14 % en un an, après s’être accru d’autant en 2019. Comparé à la moyenne quinquennale, il régresse de 10 %, soit une diminution de 7 q/ha pour le blé et l’orge et de 1 q/ha pour le triticale. Concernant les oléagineux, du colza pour 98 % des surfaces, les rendements sont inférieurs de 24 % à ceux de 2019 et de 23 % à la moyenne quinquennale.
Avec la baisse des surfaces et des rendements en 2020, la production totale en céréales à paille se replie de 27 % en un an et de 24 % comparée à la moyenne des cinq dernières années. S’agissant des oléagineux, l’augmentation des surfaces combinée à la chute des rendements aboutit à une production en recul de 22 % par rapport à 2019, et de 13 % par rapport à la moyenne 2015-2019. Pour les protéagineux, la production est stable, la progression des surfaces compensant la diminution des rendements.
Comme en France, les prix des céréales récoltées en 2019 en Bretagne fléchissent, dans un

contexte de très bonne récolte. Les prix au 30 juin 2020 atteignent ainsi 151 € pour le blé tendre, 134 € pour l’orge et 135 € pour le triticale, en recul respectivement de 11 %, 13 % et 14 % sur les niveaux d’un an plus tôt. Pour la campagne 2020-2021 en cours, les prix au 30 septembre 2020 sont en revanche à la hausse, comme au niveau national, du fait d’une mauvaise récolte. Ils s’établissent à 138 € pour le blé, 128 € pour l’orge et 134 € pour le triticale, en augmentation, respectivement, de 6 %, 7 % et 11 % sur un an.

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