Prairies au printemps 2025 - Les rendements baissent mais restent dans la norme

En 2025, la production des prairies de printemps diminue de 16 % en Bretagne par rapport à celle de 2024, plutôt satisfaisante. Le rendement régional reste néanmoins dans la moyenne. Après un démarrage timide, les prairies poussent mieux en avril. Leur croissance ralentit ensuite à cause du manque de pluies les mois suivants et des vagues de chaleur fin juin. Les résultats sont plus favorables à l’ouest de la région qu’à l’est. En 2025, la mise à l’herbe des animaux n’est pas entravée par les sols humides, comme c’était le cas en 2024. Les stocks de fourrages constitués sont cependant peu satisfaisants en quantités, même s’ils sont de bonne qualité.

La production d’herbe diminue

Au printemps 2025, la production bretonne des prairies cumulée au 20 juin atteint 2,6 millions de tonnes de matière sèche, selon les premières estimations de l’enquête prairies (méthodes, figure 1). Elle diminue de 16 % par rapport à celle du printemps 2024, qui était plutôt satisfaisante. La production est aussi inférieure de 4 % à la production de référence de l’enquête prairies. En cumul jusqu’au 20 juin 2025, la pousse des prairies permanentes en Bretagne est dans la moyenne : elle atteint 60 % de la pousse annuelle de référence, contre 62 % pour la pousse de référence au 20 juin.
La superficie totale des prairies en 2025 est estimée à 636 000 hectares, soit 23 % du territoire régional (définitions). Elle correspond principalement aux prairies permanentes (58 %) et aux prairies temporaires (40 %). Les prairies artificielles occupent moins de 2 % de la surface prairiale bretonne.

Figure 1 - Production, rendement et écart au rendement de référence des prairies au printemps 2025

Prairies permanentes

Prairies temporaires

Total prairies (y compris artificielles)

Prairies permanentes

Prairies temporaires

Total prairies (y compris artificielles)

Prairies permanentes

Prairies temporaires

Total prairies (y compris artificielles)

Production (milliers de tonnes de matière sèche) Production (milliers de tonnes de matière sèche) Production (milliers de tonnes de matière sèche) Rendement (tonnes de matière sèche par hectare) Rendement (tonnes de matière sèche par hectare) Rendement (tonnes de matière sèche par hectare) Écart au rendement de référence (%) Écart au rendement de référence (%) Écart au rendement de référence (%)
Côtes-d’Armor 340 340 688 4,0 5,1 4,5 -0,25 -0,39 -0,22
Finistère 406 306 719 4,2 5,3 4,6 14,21 16,45 15,17
Ille-et-Vilaine 257 267 554 2,9 3,7 3,3 -25,51 -26,68 -26,07
Morbihan 315 283 607 3,4 5,0 4,0 -1,43 1,63 -
Bretagne 1 318 1 196 2 568 3,6 4,7 4,1 -3,15 -4,08 -3,83

Source : Agreste, enquête prairies 2025

Des rendements hétérogènes dans les départements bretons

Au printemps 2025, le rendement moyen de l’ensemble des prairies bretonnes est estimé à 4,1 tonnes de matière sèche à l’hectare. Il se replie de 16 % par rapport au bon rendement du printemps 2024. Il est également inférieur de 3,8 % au rendement de référence (figure 2). Il reste cependant dans la norme selon la dénomination du système Isop1, après avoir été faiblement excédentaire en 2024. Les résultats sont contrastés selon les départements bretons. En effet, le rendement des prairies au printemps 2024 s’affiche dans la norme dans les Côtes-d’Armor et le Morbihan, tandis qu’il est faiblement excédentaire dans le Finistère (+ 15 %), et fortement déficitaire en Ille-et-Vilaine (– 26 %).

1 Selon le système Isop, le rendement est dit : « en déficit important » si l’écart au rendement de référence (en %) est < – 25, « en déficit faible » de – 25 à – 10, « dans la norme » de – 10 à + 10, « en excédent faible » de + 10 à + 25, « en excédent important » > + 25

Figure 2 - Évolution de l’indice de rendement des prairies au printemps en Bretagne

Lecture : au printemps 2025, le rendement des prairies en Bretagne est inférieur de 4 points au rendement de référence de l’enquête prairies | Source : Agreste, enquêtes Prairies

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Figure 2 - Évolution de l’indice de rendement des prairies au printemps en Bretagne
Indice rendement de printempsBretagneRendement de référence
2020 103 100
2021 95 100
2022 84 100
2023 109 100
2024 114 100
2025 96 100

Favorable en avril, la pousse de l’herbe ralentit ensuite à cause du manque de pluies

Au premier semestre 2025, la météo permet globalement aux prairies de printemps d’obtenir un rendement correct. La production d’herbe est cependant moins abondante qu’en 2024, où elle avait été favorisée par des pluies importantes et régulières. Le niveau moyen des pluies en Bretagne au premier semestre est en effet proche des normales (1991-2020), avec cependant un niveau élevé inédit en janvier, alors que les mois suivants sont plutôt secs (figure 3). Les températures sont au-dessus des normales, de 1,1 °C en moyenne sur le semestre, avec des niveaux supérieurs aux normales chaque mois, excepté en janvier.
En 2025, la pousse des prairies de printemps démarre doucement en mars, puis les conditions s’améliorent nettement en avril, avant d’être plus hétérogènes en mai, et de se dégrader en juin. Au 20 juin, la production cumulée des prairies permanentes bretonnes est inférieure de 3 % à celle de la période de référence 1989-2018, alors qu’au 20 avril, elle dépassait de 16 % la référence.
La croissance de l’herbe peine à démarrer en mars, en raison d’un épisode de froid. La portance des sols permet de sortir les animaux, mais le manque d’herbe limite le pâturage à quelques heures par jour. Néanmoins, les prairies humides sont de bonne qualité en ce début de printemps.
La pousse de l’herbe décolle en avril, grâce à la douceur des températures. En début de mois, le soleil, couplé à des vents orientés nord-est, améliore les conditions de portance et de pâturage. Les prairies sont riches en trèfle ce printemps, ce qui permet d’équilibrer les rations en énergie et en protéines. Par conséquent, les animaux laitiers gagnent en production. Les premières fauches de cultures dérobées fourragères avant maïs démarrent un peu partout en Bretagne dès début avril. Les fauches, hors dérobées, débutent fin avril.
La sécheresse généralisée en mai, excepté dans le sud du Finistère, limite la pousse de l’herbe. Les situations sont très différentes localement, du fait d’une pluviométrie très hétérogène. Les parcelles ont du mal à redémarrer, en particulier celles qui ont déjà été fauchées pour l’enrubannage ou le foin . Cela compromet la constitution des stocks de printemps. Les éleveurs doivent rouvrir les silos, par manque de pâturage, sauf dans le Finistère. Les récoltes sont néanmoins de bonne qualité, car faites précocement. Les premières récoltes de foin sont aussi de qualité et sont réalisées mi-mai dans l’est de la région. En revanche, les coupes sont très limitées dans l’ouest, en raison de fréquents épisodes pluvieux peu intenses.
En juin, un temps estival ralentit la pousse de l’herbe en deuxième quinzaine, avec notamment deux vagues de chaleur les 21 et 30 juin. Les pluies orageuses ne suffisent pas à compenser le déficit hydrique, notamment dans le sud-est breton. Dans l’est de la région, les prairies sont alors fortement désséchées. Dans l’ouest, les conditions restent plus favorables : les prairies sont encore vertes et les animaux continuent de pâturer.

Figure 3 - Précipitations et températures mensuelles en Bretagne

Figure 3 - Précipitations et températures mensuelles en Bretagne - voir la transcription ci-dessous
Figure 3 - Précipitations et températures mensuelles en Bretagne | Source: Météo-France

Graphique représentant l’évolution mensuelle des températures (courbes) et précipitations (barres) en 2024, 2025 et en moyenne sur la période 1991-2020. Les précipitations sont sous les normales à partir de février après un mois de janvier très au-dessus des normales. Les températures sont au contraires supérieures aux normales. Les données de cette figure sont téléchargeables au format xlsx sur cette page.

Encadré - Une pousse d’herbe dans la norme en France

En France métropolitaine, la production cumulée de l’ensemble des prairies au printemps 2025 est inférieure de 1,9 % à la production de référence (– 3,8 % en Bretagne). Le rendement des prairies apparaît dans la norme par rapport à la référence, avec 3,8 tonnes de matière sèche par hectare (figure 4).
S’agissant des prairies permanentes, la pousse nationale cumulée jusqu’au 20 juin 2025 atteint 57 % de la pousse annuelle de référence, ce qui correspond à un niveau normal. L’excédent de début de campagne est progressivement annulé par le manque de pluies. Les fortes chaleurs ne font qu’accentuer l’assèchement des sols.
La pousse de l’herbe est hétérogène sur le territoire national, avec un rendement global des prairies dans la norme dans 36 départements (moitié ouest du pays, sauf nord), un rendement excédentaire dans 25 départements (sud-est et Finistère) et un rendement déficitaire dans 31 départements (tiers nord).
Le bilan des récoltes de ce printemps reste globalement positif, avec une qualité des fourrages plus satisfaisante qu’en 2024, et malgré des volumes souvent inférieurs à la moyenne.

Figure 4 - Écarts aux rendements fourragers départementaux de référence au 20 juin 2025

Figure 4 - Écarts aux rendements fourragers départementaux de référence au 20 juin 2025 - voir la transcription ci-dessous
Figure 4 - Écarts aux rendements fourragers départementaux de référence au 20 juin 2025 | Source: Agreste, enquête Prairies 2025

Carte des départements français avec 5 couleurs selon l’écart au rendement de référence. L’Ille-et-Vilaine est déficit important, le Finistère en excédent faible, Morbihan et Côtes d’Armor en état "normal". Données de la carte téléchargeables au format xlsx sur cette page.

Définitions

  • La production des prairies comprend les prairies permanentes, les prairies temporaires et les prairies artificielles. Les prairies permanentes ou surfaces toujours en herbe (STH) sont naturelles ou semées depuis six ans ou plus. Les prairies temporaires sont semées depuis moins de six ans de graminées fourragères, éventuellement mélangées à des légumineuses. Elles sont exploitables en fauche et ou en pâture. Les prairies artificielles sont semées exclusivement de légumineuses fourragères, pour une durée d’implantation de moins de cinq ans en moyenne. Elles sont généralement destinées à être fauchées. La production des prairies est évaluée en quantités de matière sèche, c’est-à-dire après élimination de l’eau.
  • Portance : capacité d’un sol à supporter une charge, ici le bétail ou les engins agricoles.
  • Culture dérobée : culture intermédiaire de courte durée, intercalée entre deux cultures principales.

Sources, méthodes

L’enquête prairies est une opération de conjoncture réalisée par les services statistiques agricoles de chaque région. Elle aboutit à une estimation de la production des prairies, de printemps d’une part, d’été-automne d’autre part, à partir des observations de rendement du système Isop et de données d’experts. Les rendements de référence de l’enquête prairies ont été actualisés en 2020.
À partir d’un modèle de simulation, le système Isop (informations et suivi objectif des prairies) fournit des estimations de rendement des prairies temporaires et des prairies permanentes productives (i.e. permettant de couvrir les besoins d’une unité gros bétail pendant six mois). Le système Isop calcule les quantités de matière sèche cumulée par hectare au pas de temps journalier. Les résultats de simulation sont extraits au 20 de chaque mois, entre mars et novembre, sous forme d’un rapport à la normale correspondant à la moyenne calculée sur la période 1989-2018. Isop est le fruit d’une collaboration entre Météo-France, l’Inrae (Institut national de recherche pour l’alimentation, l’agriculture et l’environnement) et le SSP (Service de la statistique et de la prospective) du ministère chargé de l’agriculture.

Pour en savoir plus

• Toutes nos publications sur les grandes cultures, les fourrages et les prairies
• La dernière publication nationale sur les prairies de printemps sur le site Agreste :
Agreste Conjoncture Infos Rapides, Prairies – Au 20 juin, une pousse d’herbe normale mais contrastée - N°78 – Juin 2025

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