Agreste Études N°4 2021- Recensement agricole 2020 - La Bretagne perd un quart de ses exploitations en dix ans, mais conserve sa surface agricole

La Bretagne a perdu 8 100 exploitations agricoles entre 2010 et 2020 et la France métropolitaine 100 500. Toutefois la baisse continue du nombre d’exploitations depuis 50 ans se modère sur la dernière décennie. Parallèlement, le nombre d’équivalents-temps-plein s’est réduit de 10 % dans la région et de 11 % en France. La Bretagne s’aligne sur la France pour l’évolution de la superficie agricole utilisée (SAU) : une quasi-stabilité pour la SAU totale et une augmentation de 14 hectares de la SAU moyenne. Les exploitations se sont restructurées, avec une diminution des micro, petites et moyennes exploitations, le nombre de grandes exploitations restant stable. La région confirme sa vocation pour les productions animales avec les deux tiers des exploitations spécialisés dans l’élevage.

26 300 exploitations en Bretagne

Entre 2010 et 2020, à l’instar de la France, le nombre d’exploitations bretonnes continue de décroître à un rythme légèrement ralenti par rapport à la décennie précédente.
En 2020, on compte ainsi 26 335 exploitations agricoles en Bretagne (7 % des exploitations françaises) contre 34 447 dix ans auparavant, soit une diminution de 24 % contre 20 % en France métropolitaine.
A contrario, la proportion des exploitations agricoles biologiques a triplé en 10 ans. Plus d’une exploitation sur dix est certifiée bio ou en conversion.
La SAU (superficie agricole utilisée) est restée stable sur la décennie, en Bretagne comme en France. Elle occupe aujourd’hui 1 624 200 hectares (ha). Cette surface représente 59 % de la superficie totale de la région et 6 % de la SAU française, proportion inchangée depuis 50 ans.
Par contre, la SAU moyenne par exploitation ne cesse d’augmenter depuis cinq décennies. Moins nombreuses aujourd’hui, les exploitations s’agrandissent. En 2020, une exploitation agricole bretonne dispose en moyenne de 62 ha, soit 14 ha de plus qu’en 2010 et 29 ha de plus qu’en 2000.

Quasi-stabilité du nombre de grandes exploitations

Avec la diminution des exploitations, leur répartition par taille économique (cf. encadré Sources et définitions) se modifie.
En 2020, les grandes exploitations sont les plus nombreuses (9 850), soit 37 % des exploitations bretonnes, alors qu’en 2010, les moyennes dominaient (11 400). Le nombre de ces grandes exploitations a diminué de 1,1 % entre 2010 et 2020, alors qu’en France métropolitaine, il a progressé de 3,4 %. Leur SAU, avec 917 100 ha, couvre 56 % du territoire agricole de la région. La SAU moyenne a gagné 19 ha sur la décennie. Plus de la moitié des grandes exploitations bretonnes est spécialisée dans la production laitière (3 000) ou dans les élevages porcins (2 100). Elles occupent 60 % des équivalents-temps-plein (ETP) bretons, soit 30 900 ETP ; c’est l’unique catégorie où le nombre d’ETP progresse. Parmi ces grandes exploitations, 4 sur 10 dégagent une production brute standard supérieure à 500 000 euros.

Les moyennes exploitations se réduisent de 38 %. C’est la baisse la plus importante, avant celle des micro exploitations (– 37 %). Plus de la moitié de ces moyennes exploitations est spécialisée dans la production laitière. En 10 ans, elles ont perdu près de 198 000 ha, mais en 2020 leur SAU moyenne dépasse de deux hectares celle de la région. Par ailleurs, les moyennes exploitations ont perdu 39 % de leurs ETP.
En 2020, petites ou micro exploitations représentent 36 % des exploitations bretonnes à parts égales, contre 54 % en France métropolitaine. Grandes cultures et bovins viande sont les spécialisations les plus fréquentes de ces deux tailles d’exploitations, en Bretagne comme en France. Les petites ou micro exploitations occupent 15 % de la SAU régionale et 17 % des ETP.

Prédominance des productions animales

L’importance de l’élevage en Bretagne se vérifie toujours en 2020 avec 63 % des exploitations spécialisées en productions animales et 10 % en polyculture-polyélevage. 60 % des ETP travaillent dans les exploitations spécialisées dans l’élevage. La Bretagne se place toujours au premier rang des régions pour les cheptels porcins, de vaches laitières et de volailles.
La baisse du nombre d’exploitations et du nombre d’ETP touche toutes les spécialisations, sauf l’horticulture- maraîchage et les cultures fruitières. La SAU moyenne croît dans toutes.
La Bretagne reste la première région française pour les spécialisations porcins et bovins lait : respectivement 51 % et 21 % des exploitations françaises. Elle occupe le 2e rang régional pour la spécialisation avicole (21 % des exploitations), presque à égalité avec la Nouvelle-Aquitaine (22 %) sur un territoire plus réduit.

Les producteurs laitiers se réduisent d’un quart et perdent 2 500 exploitations et 2 600 ETP sur la décennie mais gagnent 24 ha en moyenne par exploitation. Avec 736 200 têtes, le cheptel de vaches laitières reste stable alors qu’il diminue de 6 % en France métropolitaine entre 2010 et 2020.
Les élevages hors-sol (porcins et volailles) diminuent de 2 600 exploitations et 4 300 ETP (dont 1 200 ETP pour les élevages porcins et 1 400 pour les élevages avicoles). Le cheptel porcin perd 4 % de ses effectifs mais représente toujours 56 % du cheptel porcin français avec 7 500 milliers de têtes. Le nombre de volailles reste stable et assure le tiers des volailles françaises, comme en 2010.
En spécialisation grandes cultures, la perte est de 300 exploitations, mais le gain de SAU moyenne est de 14 ha. Dans la spécialisation horticulture, maraîchage, le nombre d’exploitations maraîchères a doublé sur la décennie (1 100 unités en 2020), son nombre d’ETP également (7 300).

10 % d’ETP en moins en 10 ans

En 2020, 55 200 personnes participent régulièrement au travail nécessaire au fonctionnement des 26 300 exploitations agricoles bretonnes.
Ces actifs permanents travaillent à temps partiel ou à temps complet et totalisent 46 500 ETP (équivalent temps plein).
Les chefs et les coexploitants constituent le pilier de cette main-d’œuvre. Ils sont au nombre de 36 400 et assurent 67 % des ETP permanents. La part des femmes cheffes d’exploitation n’a quasiment pas changé durant cette décennie.
Le modèle familial que l’on pouvait retrouver il y a encore dix ans évolue : le nombre de conjoints coexploitants a ainsi baissé d’un quart depuis 2010.
La main-d’œuvre permanente non-familiale, quant à elle, progresse : 12 600 personnes (soit 23 % des ETP permanents) travaillent sur les exploitations bretonnes. À ceux-ci viennent s’ajouter 39 300 salariés saisonniers. La main-d’œuvre occasionnelle représente 4 700 ETP en 2020 contre 4 000 en 2010.

Résultats départementaux

Source et définitions

Réalisé tous les 10 ans, le recensement agricole permet d’avoir une vision précise et exhaustive de l’agriculture à une échelle géographique fine et d’en analyser ses évolutions. Sont interrogées l’ensemble des exploitations agricoles, à savoir toute unité économique répondant aux critères suivants  :

  • avoir une activité agricole soit de production, soit de maintien des terres dans de bonnes conditions agricoles et environnementales  ;
  • atteindre une dimension minimale, soit 1 hectare de surface agricole utilisée, soit 20 ares de cultures spécialisées, soit une production supérieure à un seuil (1 vache, 6 brebis mères…)  ;
  • avoir une gestion courante indépendante de toute autre unité. L’existence d’une immatriculation au répertoire des entreprises et des établissements Sirène ou d’un identifiant de demande d’aide de la politique agricole commune (PAC) présume de l’indépendance de gestion.

La production brute standard (PBS), par un jeu de coefficients attribués aux cultures et aux cheptels, donne une valeur au potentiel de production des exploitations. Elle permet de classer les exploitations en différentes tailles économiques. Le recensement agricole est l’occasion de revoir ce classement. Ainsi, à partir de 2020, sont considérées «  micro  », les exploitations dont la PBS est inférieure à 25 000 euros, «  petite  », celles dont la PBS est comprise entre 25 000 et 100 000 euros, «  moyenne  » celles avec une PBS comprise entre 100 000 et 250 000 euros et «  grande  » celles de plus de 250 000 euros de PBS.
Le calcul de la PBS permet aussi de classer les exploitations selon leur spécialisation (ou orientation technico-économique). Une exploitation est considérée comme spécialisée dans une production quand au moins deux tiers de sa PBS sont générés par cette production.
Les coefficients utilisés dans cette publication sont calculés à partir des prix et rendements moyens de la période 2015-2019, ce qui fournit les PBS moyennes de 2017 (note méthodologique en fichier associé).

Un équivalent-temps-plein (ETP) correspond au travail d’une personne à plein-temps pendant une année entière (un ETP = au moins 1 600 heures travaillées sur l’année).

L’unité de gros bétail (UGB) est utilisée pour comparer ou agréger des effectifs animaux d’espèces ou de catégories différentes. À chaque type d’animal est attribué un coefficient basé sur ses besoins alimentaires. L’UGB mentionnée dans cette publication est celle tous aliments (UGBTA).

Cette publication présente les premiers résultats, provisoires, du recensement agricole 2020.


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