Bilan laitier 2024 - Baisse des charges et prix toujours record du lait
En 2024, le prix du lait se maintient au niveau record de 2023 en Bretagne : les producteurs sont payés en moyenne 468 euros les 1 000 litres. Les coûts de production diminuent, ce qui permet à nouveau d’améliorer leur marge par litre vendu. Après quatre années de baisse, les livraisons de lait augmentent de 2 %, grâce à l’amélioration de la productivité des vaches laitières liée au bon bilan fourrager, alors que le cheptel laitier continue de se réduire. Contrairement au lait conventionnel, la filière du lait bio est encore en difficulté.
Un prix du lait record identique à 2023
En 2024, le prix du lait payé aux producteurs bretons se maintient au niveau record de 2023. À 468 euros pour 1 000 litres en moyenne annuelle, il dépasse de 17,5 % le prix moyen 2019-2023 (prix moyen à teneurs réelles, toutes qualités confondues) (figure 1). La baisse habituelle du prix au printemps, au moment du pic de collecte, a bien lieu, comme en 2023 (figure 2).
Figure 1 – Évolution annuelle du prix du lait de vache et des coûts de production* entre 2019 et 2024
Figure 2 – Évolution mensuelle du prix du lait de vache en Bretagne
La marge des éleveurs s’améliore à nouveau
En 2024, la marge des éleveurs laitiers en France sur chaque litre vendu progresse pour la troisième année de suite. Avec 165 euros les 1 000 litres en moyenne annuelle, elle dépasse de 8,7 % celle de 2023, d’après l’indice Milc de l’Institut de l’élevage, qui mesure l’écart entre la valeur produite et les coûts d’approvisionnement. L’évolution des marges laitières peut différer de celle des revenus des éleveurs laitiers qui prend en compte d’autres facteurs comme le volume de la production (lui-même lié à la productivité), la diversification de la production agricole, les charges financières, les charges de personnel ou le montant des subventions d’exploitation. La hausse de cette marge s’explique principalement par le recul des charges d’approvisionnement entre 2023 et 2024, le prix du lait étant stable en moyenne annuelle. La marge augmente également au cours de l’année, passant de 151 euros les 1 000 litres en janvier 2024 à 196 euros les 1 000 litres en décembre 2024, alors qu’elle diminuait au cours de l’année 2023 (figure 3).
Les coûts de production redescendent, en effet, tout en restant élevés. Sur l’année entière, ils reculent de 4,2 % par rapport à ceux de 2023 en France, d’après l’indice Ipampa lait de vache de l’Institut de l’élevage. Après avoir atteint des sommets en 2022 et 2023, ces coûts décroissent légèrement à partir de mars 2024. Le prix des aliments achetés, qui représentent un tiers des coûts de production, diminue de 10,6 % entre 2023 et 2024. Le prix des engrais baisse également (- 6,9 %), tandis que celui de l’énergie est plutôt stable (- 0,3 %) : ces deux postes représentent respectivement 5 % et 8 % de l’ensemble des coûts de production.
Figure 3 - Évolution mensuelle de la marge* des producteurs sur le lait de vache en France
Encadré 1 - La Bretagne, 1re région pour la production de lait
La Bretagne occupe le premier rang des treize régions françaises pour la production laitière, avec près d’un quart des volumes livrés chaque année (figure 4). La part de la région dans la collecte nationale a peu évolué depuis la fin des quotas laitiers en 2015, passant de 22 % à 23 % depuis 2017. L’Ille-et-Vilaine concentre un tiers des livraisons bretonnes et les Côtes-d’Armor un peu plus d’un quart (figure 5). Le bassin Grand Ouest, constitué de la Bretagne et des Pays de la Loire (hors Vendée), est le premier bassin laitier de France, avec 37 % de la collecte nationale depuis 2022. Suivent les bassins de Normandie et Grand-Est, avec respectivement 17 % et 15 % de la collecte en 2024.
La Bretagne est au second rang des régions en volumes collectés concernant le seul lait bio (derrière la région Pays de la Loire). Elle est cependant première pour le nombre de producteurs.
Figure 4 - Un quart du lait produit en France vient de Bretagne
Figure 5 – Plus de vaches laitières en Ille-et-Vilaine

La production de lait augmente alors que le cheptel laitier diminue
En 2024, les quantités de lait livrées par les producteurs bretons augmentent de 2 %, après quatre années de baisse (figure 6). Le volume livré reste toutefois inférieur à la moyenne 2019-2023 (- 1,4 %). La progression annuelle concerne tous les départements bretons, excepté le Finistère (- 0,1 %). L’accroissement va de + 1,8 % dans le Morbihan, à + 3,2 % en Ille-et-Vilaine.
La production bretonne de lait progresse grâce à une meilleure productivité des vaches, alors que le cheptel laitier poursuit sa baisse. Le rendement des vaches laitières s’accroît en effet de 6 % par rapport à 2023, en particulier grâce à des fourrages satisfaisants. Début 2024, les animaux bénéficient de fourrages 2023 abondants et de bonne qualité. Par la suite, la production fourragère 2024 est encore meilleure, les pluies favorisant la production des prairies, même si dans le même temps la production de maïs fourrage diminue. Les difficultés de pâturage liées à la mauvaise portance des sols, notamment une mise à l’herbe tardive au printemps, n’empêchent pas la hausse de la productivité. D’autres facteurs peuvent permettre l’amélioration du rendement laitier, comme le nombre de lactations, qui tend à augmenter, ou le passage à un robot de traite.
Entre fin 2023 et fin 2024, les effectifs de vaches laitières en Bretagne diminuent de 3,6 %. La baisse annuelle est assez proche dans les quatre départements : entre - 3,3 % dans les Côtes-d’Armor et - 3,9 % dans le Finistère. Le nombre de génisses laitières continue aussi à diminuer. La baisse du cheptel laitier est à relier à celle du nombre de producteurs de lait, qui se poursuit également (- 4,1 % entre 2023 et 2024).
Concernant la qualité du lait, le taux de matière protéique progresse (+ 0,6 %), mais le taux de matière grasse diminue (- 0,3 %).
Figure 6 – Évolution annuelle des livraisons de lait et des effectifs de vaches laitières en Bretagne
La filière bio toujours en difficulté
La filière du lait bio traverse une crise liée à la baisse de la consommation des ménages. Comme en 2023, la production de lait bio diminue en 2024. Les livraisons annuelles bretonnes se réduisent de 1 % entre 2023 et 2024, après avoir reculé de 4,4 % en 2023. Le nombre de producteurs de lait bio diminue également : - 2,1 % en 2024. Amorcé fin 2021, le recul des achats de ménages en France reste marqué en 2024 : il est de - 12 % en lait bio conditionné (contre - 1,7 % en conventionnel) et en beurre bio. Parallèlement, le prix du lait bio breton augmente très légèrement (+ 0,5 %), alors que celui du lait conventionnel est stable. Le lait bio s’échange en moyenne à 510 euros pour 1 000 litres en 2024, soit un faible écart avec le prix du lait conventionnel (466 euros pour 1 000 litres). Il passe même temporairement sous le prix du lait conventionnel en avril et mai 2024, soit au moment du pic de collecte, comme en 2022 et 2023 (figure 7). La part du lait bio collecté (5,1 %) diminue légèrement, malgré une part de producteurs bio (10,2 %) un peu plus élevée qu’en 2023 (10 %). Le nombre de producteurs diminue plus en lait conventionnel qu’en lait bio.
Figure 7 – Évolution mensuelle du prix du lait bio et du lait conventionnel entre 2019 et 2024
Encadré 2 – Le prix du lait augmente un peu moins en France que dans l’UE
En 2024, le prix du lait en France bat légèrement le record de 2023. À 488 euros pour 1 000 litres, il gagne 0,1 % en moyenne annuelle. Les livraisons de lait augmentent à nouveau (+ 1,3 %), après trois années de baisse, et malgré le recul du cheptel de femelles laitières. La bonne pousse de l’herbe de l’année 2024, liée à la pluviométrie marquée, permet en effet d’améliorer le rendement laitier, même si les précipitations retardent aussi la mise à l’herbe.
Au niveau mondial, la collecte est globalement stable, comparée à celle de 2023. Le prix du lait est en moyenne supérieur à celui de 2023. Dans l’Union européenne (UE 27), le prix du lait calculé sur onze mois gagne 1,4 % sur celui de 2023, grâce à une remontée au second semestre. La collecte laitière dépasse légèrement celle de 2023, grâce aux augmentations des collectes française, polonaise et italienne. Elle se réduit, en revanche, en Allemagne et aux Pays-Bas. L’épidémie de FCO-3 (Fièvre Catarrhale Ovine, sérotype 3) a probablement eu un impact négatif sur la collecte de ces pays.
S’agissant des produits laitiers industriels, le prix du beurre industriel flambe à nouveau en 2024 (+ 28 % en France en moyenne annuelle), après son envol de fin 2021 et 2022. La baisse de l’offre mondiale au premier semestre, ainsi que la multiplication des foyers de FCO-3 en Europe par la suite, expliquent cette hausse de prix. En revanche, le prix de la poudre de lait écrémé en France reste stable tout au long de l’année, alors que la demande des pays importateurs s’amoindrit.
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