Essentiel n°2 Février 2022 - Résultats 2020 du Réseau d’information comptable agricole - Ralentissement des performances économiques pour une grande majorité des agriculteurs bretons

En 2020, l’EBE (excédent brut d’exploitation)des exploitations bretonnes atteint 95 milliers d’euros, en baisse de 13 % sur un an. En France, cet indicateur suit la même tendance avec un recul de 6,7 %. Cette baisse s’explique en partie par une diminution de la valeur de la production d’une part (– 1 %), mais également par une progression des charges d’approvisionnement, de près de 2 %. La Bretagne conserve malgré tout une valeur d’EBE correcte, supérieure de 15 % à celle de 2018. Néanmoins 10 % des exploitations présentent toujours un résultat négatif, comme en 2019. L’investissement rebondit en 2020 avec une hausse de 24 %. L’investissement matériel, premier poste de dépenses, explique principalement cette hausse. L’importance de l’élevage dans la région et l’amélioration des résultats économiques en 2019 ont incité les éleveurs à investir. Des éléments du bilan, qui traduisent la situation patrimoniale des exploitations, il ressort que le capital d’exploitation gagne 2 %, tendance observée depuis 3 ans, financé par une hausse équivalente de l’endettement.

Baisse des résultats économiques, surtout chez les éleveurs porcins

En 2020, les exploitations porcines connaissent une conjoncture favorable en début d’année qui se complique progressivement en fin d’année : le prix du porc régresse de 7,5 % avec un prix moyen de 1,38 €/kg. Si le marché à l’export vers la Chine reste dynamique sur l’année 2020, la demande

intérieure est fortement perturbée suite à la fermeture de la restauration hors domicile. La valeur de la production des exploitations porcines régresse de 10 % et les charges d’approvisionnement augmentent de 5 %. Les principaux indicateurs de revenus baissent puisque l’EBE/Utans chute de 42 % et le solde disponible atteint
25 900 €/Utans, en repli de 72 % sur un an. La part des exploitations qui dégage un RCAI négatif atteint 12 % : leur nombre a plus que doublé sur un an. Au niveau du bilan, le capital d’exploitation gagne 2 % mais le montant de l’endettement total se dégrade de plus de 8 %. La baisse de la valeur de la production nécessite de la part des éleveurs porcins un recours accru au financement de moins d’un an (+ 23 %) pour l’achat des moyens de production, principalement l’aliment.

Les charges d’approvisionnement grèvent les résultats des exploitations laitières

Les résultats des exploitations laitières baissent également : si la valeur de la production perd moins de 1 % sur un an, c’est surtout la progression des charges d’approvisionnement, de plus de 5 %, qui pèse sur les résultats des exploitations. Les indicateurs de revenus baissent de 3 % pour l’EBE et de 10 % pour le RCAI. Pour la moitié des exploitations, la baisse du résultat est plus forte avec un recul de 20 % du RCAI sur un an. L’écart des résultats économiques s’expliquent en partie par la performance technique des éleveurs puisqu’en moyenne la quantité de lait produite par exploitation progresse de 3 % par rapport à 2019. Le solde disponible se réduit à 19 250 €/Utans, soit une baisse de 21 % sur un an. Dans ce contexte, l’investissement total se maintient à un niveau soutenu avec plus de 24 %, mais pour la moitié des exploitations, son intensité en valeur est de 50 % inférieure à la moyenne.

Les élevages de volailles de chair profitent d’une demande intérieure dynamique

Pour les exploitations spécialisées en volaille de chair, malgré la diminution des débouchés des

poulets à l’export et la fermeture des marchés, la demande intérieure dynamique permet de soutenir les prix à la production. Ainsi en 2020, la valeur de la production des éleveurs progresse de 3 %. Les charges d’approvisionnement reculent de 3 %. La maîtrise des charges d’exploitations permet une amélioration des résultats. La valeur ajoutée et l’EBE augmentent respectivement de 13 % et 16 % sur un an. Au final, le RCAI atteint 39 500 €, en hausse de 30 % par rapport à 2019. Une exploitation avicole sur dix affiche toutefois un résultat négatif. Les dépenses d’investissement connaissent un net repli sur un an (– 47%) ; le bâtiment, premier poste de dépense, chute de 74 %. Cette année, l’excédent de trésorerie d’exploitation s’améliore de 18 %, les éleveurs maintiennent un niveau de rentabilité permettant de soutenir le développement des exploitations par une capacité à investir.

Définitions
L’Excédent brut d’exploitation (EBE) est calculé à partir de la valeur de la production, augmentée des subventions, de laquelle sont soustraites les consommations intermédiaires et toutes les autres charges courantes (salaires, impôts fonciers, fermages...).
Le Résultat courant avant impôt (RCAI) se déduit de l’EBE après la prise en compte des amortissements (non décaissables) et des charges financières. Il est calculé avant déduction des charges sociales de l’exploitant.
Le solde disponible est calculé en déduisant de l’EBE les annuités d’emprunt à moyen et long terme et les cotisations sociales de l’exploitant.
Utans : unité de travail annuel non salariée pouvant être rapprochée d’un temps plein
Charges d’approvisionnement : engrais et amendements, semences et plants, produits phytosanitaires, aliments du bétail, produits vétérinaires, combustibles, carburants et lubrifiants, fournitures et emballages

Méthodologie
Le Réseau d’information comptable agricole (Rica) est une enquête annuelle, harmonisée au niveau de l’Union européenne. Elle collecte des données comptables et technico-économiques détaillées auprès d’un échantillon d’exploitations agricoles.
Les données collectées permettent notamment d’analyser la diversité des revenus et celle de leur formation, de dresser des diagnostics économiques et financiers, et de simuler l’impact des politiques publiques. Cette enquête sert également à comparer les résultats obtenus pour les différents types d’agriculture européenne.
En France métropolitaine, le Rica à partir des comptabilités de 7 165 exploitations agricoles couvre le champ des 300 000 dont la production brute standard est supérieure à 25 000 €. Ces dernières contribuent à plus de 97 % de la production standard du pays et utilisent plus de 90 % de la surface agricole.
En Bretagne, l’échantillon 2020 comprend 457 exploitations. Cependant, les spécialisations porcins, volailles de chair et bovins-lait sont bien représentées, d’où des commentaires présents sur ces seules activités.

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