PAC 2015-2022 - Une baisse des aides de 7 % en Bretagne entre 2015 et 2022
Neuf agriculteurs bretons sur dix touchent des aides directes de la politique agricole commune (PAC), majoritairement du 1er pilier, qui regroupe les aides aux revenus des agriculteurs et les mesures de soutien aux marchés. La programmation 2015-2022 modifie profondément l’architecture des aides, avec notamment une réforme des aides découplées de la production et la création de nouvelles aides couplées à la production. Comme pour les autres régions de la moitié nord du pays hors Bourgogne-Franche-Comté, l’aide totale perçue par les agriculteurs bretons diminue. En 2022, elle atteint 473 millions d’euros. L’aide moyenne par exploitation bénéficiaire, 21 250 euros, demeure inférieure à la moyenne nationale. Les exploitations bretonnes sont en effet de plus petite taille (72 ha). Destinées au développement rural, les aides du 2nd pilier sont aussi structurellement faibles en Bretagne, en raison de l’absence de zones défavorisées dans la région. De plus, l’enveloppe nationale consacrée à ces aides augmente, accentuant l’écart avec les autres régions. Mis en place en 2015, le principe de convergence entre États membres et entre agriculteurs se traduit en Bretagne par une baisse de l’aide rapportée à la superficie agricole utilisée (SAU). Les exploitations avec une activité laitière touchent à elles seules près de la moitié des aides, suivies des élevages de granivores. Les élevages de bovins viande perçoivent le plus d’aides rapportées à la SAU, même si le montant global est relativement faible. L’aide aux bovins laitiers devient la principale aide couplée. Les aides aux productions végétales, moins répandues, se concentrent sur la production de protéines pour l’alimentation animale.
La politique agricole commune (PAC) est née dans les années soixante pour garantir la sécurité alimentaire de l’Union européenne, tout en procurant un niveau de vie décent aux agriculteurs et en assurant des prix abordables aux consommateurs. Elle est encore à ce jour une des politiques phares de l’Union européenne et mobilise son budget le plus important (56 milliards d’euros en 2021, soit un tiers du budget communautaire). La PAC est organisée en deux piliers. Le premier pilier, représentant trois quarts des dépenses, regroupe les mesures de soutien aux marchés et aux revenus des agriculteurs. Le second pilier – un quart des dépenses - porte une politique de développement rural, qui va au-delà des aides aux agriculteurs. Les mesures de soutien de marché du 1er pilier bénéficient indirectement aux agriculteurs, notamment en réduisant la volatilité des prix. Cependant, elles sont difficilement quantifiables. C’est pourquoi la présente publication traite uniquement des aides du premier pilier versées directement aux agriculteurs et des mesures dites surfaciques du second pilier (encadré 2).
Depuis sa création, la PAC a connu de multiples évolutions : passage d’un soutien direct aux prix à des aides couplées à la production, découplage partiel ou total des aides de la production. Depuis 2000, les aides sont gérées par programme prévu pour une durée de sept ans (2000-2006, 2007-2013, 2014-2020, 2021-2027). Le fonctionnement des aides prévu pour la période 2014-2020 s’est finalement appliqué de 2015 à 2022, compte tenu des délais de négociation et de l’attente de l’entrée en vigueur de la programmation suivante.
Encadré 1 - Neuf exploitations agricoles bretonnes sur dix bénéficient des aides de la PAC
Au recensement agricole de 2020, 87 % des exploitations bretonnes touchent des aides directes de la PAC. Cette proportion dépasse de 8 points le taux national. En effet, les micro-exploitations, qui reçoivent moins souvent des aides, sont peu présentes dans la région : seulement 18 % de l’ensemble des exploitations contre 28 % en France (définitions). Deux tiers des micro-exploitations françaises sont bénéficiaires d’aides de la PAC, quand 84 % des petites, moyennes et grandes le sont. Ces micro-exploitations correspondent certainement moins souvent aux critères d’éligibilité, notamment en ce qui concerne les seuils minimum (seuil de versement des aides à 300 euros). Par ailleurs, 28% des exploitations bretonnes sont spécialisées dans la production laitière (contre 9 % en France) et la quasi-totalité des élevages laitiers français bénéficient des aides de la PAC. Ces exploitations ont historiquement bénéficié d’aides importantes, notamment l’aide directe laitière, intégrée depuis 2006 aux droits à paiement unique (encadré 2). À l’opposé, l’activité viticole, très peu accompagnée par les aides directes de la PAC, est inexistante en Bretagne.
En 2020, l’aide moyenne par bénéficiaire avoisine 20 000 euros. Les montants d’aides perçus sont très dépendants de la surface mise en valeur, en raison notamment du poids des aides découplées (environ 80 % des aides PAC) (figure 1). Ces aides sont certes déconnectées de la production, mais pour les activer, un exploitant doit disposer de surfaces agricoles (un hectare activant un droit à paiement de base). Néanmoins, les exploitations spécialisées en bovins se distinguent : elles touchent 55 % des aides en n’exploitant que 51 % de la surface agricole utilisée (SAU). Une petite moitié des exploitations de maraîchage et horticulture bénéficient des aides de la PAC. En l’absence d’accompagnement spécifique au secteur légumier, elles touchent principalement des aides découplées et des aides du 2nd pilier. Davantage orientées vers les légumes de plein air que vers les légumes sous serre, elles ont pu bénéficier par le passé des droits à paiement unique (DPU) légumes, réservés aux productions de plein champ. Les exploitations maraîchères et horticoles qui élèvent des herbivores perçoivent également des aides aux productions animales. L’aide moyenne des maraîchers et horticulteurs est la plus basse de toutes les spécialisations (7 500 euros), en raison à la fois de leur faible SAU moyenne (27 hectares) et d’un montant d’aide moyen à l’hectare de 281 euros, en dessous de la moyenne régionale (286 euros par hectare). À l’opposé, les maraîchers et horticulteurs non bénéficiaires d’aides PAC sont des exploitations généralement sans herbivores, avec peu de surfaces (4 hectares en moyenne), une part importante de légumes sous serre et pratiquant davantage la production hors sol, qui ne permet pas aux surfaces concernées d’activer le paiement de base.